La création d’une section médico-pharmaceutique de la radiesthésie
Une section médico-pharmaceutique de la radiesthésie est créée le 18 janvier 1935 dont le président n’est autre que « le savant et distingué docteur Foveau de Courmelles et dont font partie d’excellents médecins, doctoresses et pharmaciens » Georges Barbarin, Qu’est ce que la Radiesthésie ?, Paris, Librairie Pion, 1937.
Un autre pharmacien radiesthésiste n’est autre que Gédéon Meillère (1860-1934) dont les attributions ne sont autres que Docteur en médecine, docteur es sciences physiques, membre de l’Académie de médecine (dont il sera président) et de la Société de pharmacie, pharmacien des hôpitaux. Il se propose d’utiliser la radiesthésie pour déceler les problèmes de chimie générale, chimie biologique et de médecine. « « Grâce à elle s’expliqueront probablement un jour les propriétés encore si mystérieuses des eaux minérales dont l’étude poursuivie par nous depuis près d’un demi-siècle nous a incité à suivre les progrès de la radiesthésie ».
I – Albert Leprince (1872-1970)
Il est également un grand représentant de ce courant. Né le 16 juillet 1872 dans l’Orne, il obtient le diplôme de pharmacie en 1897 puis de médecin l’année suivante à la faculté de Montpellier. Pionnier de la naturopathie, il est un grand utilisateur de la radiesthésie qu’il utilise dans ses consultations. Son ouvrage La Radiesthésie médicale paraît en 1933. Il est connu pour l’utilisation de la radiesthésie pour les couleurs avec sa fameuse Trousse Chromo du docteur Leprince
Emile Coué est un autre pharmacien connu pour ses pratiques occultes (et pour la fameuse méthode qui porte son nom).
Le laboratoire Boribel s’illustre également dans la pratique médicale radiesthésiste. Il propose à partir des années 1950 des « trousses témoins » avec son pendule. Ces fameuses trousses contenaient des témoins remèdes sous tube de verre numéroté qui permettait au radiesthésiste de choisir le traitement adapté au malade venu en consultation (une explication de son utilisation sera donnée dans le module consacré à la radiesthésie médicale).
La trousse de radiesthésie de Boribel avec son pendule en bas à droite et dans chaque fiole des éléments à rechercher pour les soins : de l’homéopathie, des crèmes… |
Les liens avec la naturopathie ne sont pas en reste. Georges Galtia indique en 1953 un lien sans ambiguïté possible : « Il n’est pas exagéré de dire que du point de vue radiesthésique comme du point de vue homéopathique, le remède et le symptôme ne font qu’un ». L’idée de l’auteur est que les deux méthodes ont pour objectif de trouver le médicament le plus adapté au malade » (Georges Galtia, Santé d’abord, 1953, 18). Emile Louis Xero, indique à son tour : « Il est à peu près certain que c’est parmi les médecins et les pharmaciens homéopathes que la radiesthésie est le plus en faveur. Pourquoi ? Parce que la radiesthésie est sortie de son mythe enténébré, qu’elle peut aider pour le choix du meilleur médicament à prescrire selon chaque cas » ( E.L. Xero, « Note sur radiesthésie et homéopathie », Journal des amis de la radiesthésie, 1975, 237 : 18.).
II – Physionomie des radiesthésistes dans l’entre-deux guerres
Il se dégage de toutes ces expérimentations une explosion de l’utilisation de la radiesthésie durant l’entre-deux guerres. Ce sont des centaines d’ouvrages qui apparaissent sur le sujet provenant tant de sourciers qui exécutent cet art de génération en génération que de nombreuses autres classes sociales dont on n’imaginait pas l’importance.
III – Les militaires et la radiesthésie
Portrait de Louis Matacia à la recherche de l’eau |
Les militaires sont toujours à la pointe de la « technologie » et voient très rapidement le champ d’action proposée par une utilisation « scientifique » du pendule. Ils ont déjà fait appel par exemple à l’abbé Bouly pour trouver les restes d’obus sur le champ de bataille de la première guerre mondiale. Malheureusement, ils restent très silencieux sur leurs nombreuses expériences dans le sujet. Pour essayer de prendre en compte quelques éléments connus, à l’exception du créateur de l’association française de la radiesthésie que nous venons de citer. Evoquons le cas d’Henri Mager, qui a été le président de la semaine des sourciers en 1913, propose à l’armée française l’année suivante l’utilisation du service des sourciers pour découvrir l’eau souterraine et les galeries ennemis. Les guerres sont toujours l’occasion de remettre au goût du jour cet art millénaire. L’Allemagne Nazie s’est en effet emparée du sujet, comme l’armée française. Yves Rocard, dont nous réévoquerons le nom et les travaux par la suite relate que lors de son arrivée à Londres auprès de l’état-major de la Marine, utilisait des radiesthésistes pour suivre les raiders allemands. Pour découvrir le fonctionnement de la radiesthésie, les militaires ont suivi des formations pendule ou des formation radiesthésie.
Le général Appiano par exemple, en charge de la TSF Militaire, décide de faire rentrer la radiesthésie à l’école du Génie de Versailles, suite à une conférence d’Henry de France lors de l’exposition coloniale. Plus proche de nous, les américains disposaient également d’expérimentations sur le sujet, notamment lors du conflit du Vietnam pour trouver les structures souterraines. Ce travail a été mené par Louis Matacia à qui l’on devrait la création des baguettes en L
IV – Les religieux
Les grands noms de la radiesthésie moderne ne sont autre que des membres du clergé dont principalement les abbés Bouly et Mermet. Encore plus loin, l’abbé Vallemont est également une référence avec son ouvrage publié en 1693 Physique occulte.
L’abbé Lambert lors de la recherche d’eau à Sartrouville en 1913 |
Mais il existe à côté de ces grands noms de nombreux autres religieux qui ont permis des « exploits ». Citons l’abbé Carrié par exemple, auteur de la Méthode Hydroscopique, qui permit à la commune de Pujols où il officiait dans le Lot-et-Garonne d’avoir de l’eau l’hiver mais également l’été grâce à la découverte d’eau souterraine. L’abbé Lambertarticipe également aux expérimentations réalisées lors du congrès à Paris en 1913. L’abbé Monnet fait partie des trois radiesthésistes à avoir découvert les grottes de Lacave dans le Lot.
Cette tradition religieuse est bien ancienne. Le père Lebrun au XVIIe siècle s’était déjà fait remarquer dans la discipline tandis que le père Malebranche répond à la sollicitation de ce dernier en lui répondant que c’est l’usage du démon. En 1701, un décret de l’Inquisition condamne le livre d ‘e l’abbé de Vallemont. Le clergé a toujours été partagé sur ce sujet. Certaines prospections à Rome ont été faite par l’abbé Mermet sous le patronage de la société d’archéologie pontificale.
Le clergé se met progressivement en chasse contre cette utilisation, voyant dans la pratique de la radiesthésie une pratique tendant vers une approche démoniaque. La radiesthésie médicale n’est pas anodine dans ces différentes mesures contrôlant voir interdisant progressivement l’usage de la radiesthésie parmi le clergé. En mars 1936, l’assemblée annuelle des cardinaux et archevêques de France indiqua que « trop de prêtres et de religieux s’adonnent à la pratique de la radiesthésie, se servant du pendule non seulement pour découvrir des sources ou des dépôts métalliques, mais encore pour exercer l’art de la médecine » et précise que « la médecine est formellement interdite aux clercs ». La règlementation se poursuit notamment avec le décret du 26 mars 1942. Il est interdit par le pendule de deviner des événements et des circonstances concernant les personnes. Il appartient ainsi aux Ordinaires et supérieurs religieux, s’ils le jugent nécessaire et opportun, de joindre à cette interdiction des menaces de sanctions pénales.
L’objectif est de préserver la dignité de l’état ecclésiastique. Pour plus de précision, cela peut concerner des recherches de lieu où se trouvent des criminels ou des disparus, de déterminer le sexe d’une enfant à naître ou de procéder à un diagnostic d’une maladie.