Comment les conditions climatiques modifient les valeurs

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Les prix du cacao, dont l’Afrique de l’Ouest fournit près de 70 % de la production mondiale, ont connu une volatilité sans précédent en 2024 et 2025, principalement en raison de conditions climatiques extrêmes. Les cours ont atteint des sommets historiques à 12 000 USD la tonne en 2024, avant de chuter à 7 787,50 USD en juillet 2025, selon Trading Economics. Ces fluctuations, amplifiées par le changement climatique et des phénomènes comme El Niño, affectent les rendements et les moyens de subsistance des producteurs. Cet article explore comment la météo influe sur les valeurs du cacao, les impacts économiques et les stratégies d’adaptation.

Impact des aléas climatiques

Les phénomènes météorologiques extrêmes, exacerbés par le réchauffement global, sont l’un des moteurs principaux des fluctuations des prix du cacao.

El Niño et perturbations météorologiques

Le phénomène El Niño, marqué par un réchauffement anormal des eaux du Pacifique, a engendré des conditions climatiques erratiques en 2023 et 2024. Des pluies torrentielles ont provoqué la chute des fleurs de cacaoyer et favorisé des maladies fongiques comme la pourriture brune, entraînant une baisse de production de 24 % entre les campagnes 2022-2023 et 2023-2024, selon Ethiquable. Ces pertes, combinées à une sécheresse prolongée en 2025, ont créé un déficit mondial de 441 000 tonnes en 2023-2024, le plus important depuis 60 ans, selon l’ICCO.

Sécheresses et stress hydrique

Les cacaoyers, sensibles à la sécheresse, nécessitent des températures maximales annuelles de 30-32 °C et minimales de 18-21 °C, selon @zerodhamarkets. En 2025, des vagues de chaleur exceptionnelles ont accentué le stress hydrique, réduisant de 33 % les rendements de la récolte intermédiaire d’avril, selon Euronews. Les vents secs, renforcés par El Niño, ont également limité la lumière disponible pour les cultures, affectant la qualité des fèves, selon Kaoka. Ces conditions ont propulsé les prix à un pic de 9 234,3 EUR la tonne en mars 2024.

Maladies et vieillissement des plantations

Les changements climatiques aggravent la propagation de maladies et accentuent les effets du vieillissement des plantations, ce qui renforce la volatilité des prix.

Propagation du virus du swollen shoot

Le virus du swollen shoot (CSSV), transmis par les cochenilles, touche près des deux tiers des cacaoyers de la région, selon Les Echos. Les alternances de fortes pluies et de sécheresses en 2023-2024 ont rendu les arbres plus vulnérables, entraînant des baisses de rendement et parfois la mort des plants. L’absence d’investissements suffisants dans les traitements phytosanitaires a favorisé la progression du virus, contribuant à un déficit mondial de 478 000 tonnes, selon Afrique sur 7.

Vieillissement des cacaoyers

De nombreuses plantations, âgées de 20 à 30 ans, nécessitent une régénération coûteuse. Les arbres plus anciens sont moins productifs et plus sensibles aux maladies, selon Foodcom. Dans certaines zones, les producteurs se tournent vers d’autres cultures face à la baisse de rentabilité, réduisant encore l’offre et maintenant les prix à des niveaux élevés malgré leur repli à 7 787,50 USD en juillet 2025.

Conséquences économiques et sociales

La volatilité des prix, largement liée au climat, pèse sur les revenus des producteurs et sur les économies de la région.

Impact sur les producteurs

Malgré des prix mondiaux records, de nombreux planteurs ne bénéficient pas pleinement de cette hausse. Le prix garanti payé localement reste inférieur au niveau requis pour un revenu décent, selon Ethiquable. La contrebande, encouragée par les écarts de prix entre zones voisines, réduit également les bénéfices, selon @ZonePresse_. Par ailleurs, l’augmentation des coûts liés à l’irrigation et aux traitements phytosanitaires limite les marges.

Effets sur l’économie régionale

Le cacao constitue une part importante du PIB régional. La baisse de production a réduit les revenus d’exportation, tandis que la hausse des cours mondiaux a renchéri le coût des produits chocolatés pour les consommateurs locaux. En 2025, un surplus estimé à 142 000 tonnes pourrait contribuer à stabiliser les prix, selon l’ICCO, mais le ralentissement de la demande mondiale et le retrait partiel des spéculateurs pourraient maintenir une volatilité élevée, selon Rabobank.

Stratégies d’adaptation

Face aux aléas climatiques, différentes solutions émergent pour sécuriser la production et limiter la volatilité.

Innovations agricoles

L’agroforesterie et l’introduction de variétés plus résistantes au climat sont encouragées. Kaoka, par exemple, soutient la redensification et le greffage, avec des hausses de rendement allant jusqu’à 15 % dans certaines coopératives. Des systèmes d’irrigation goutte-à-goutte, adaptés aux petites exploitations, sont également testés, selon Mongabay. Une étude publiée en 2025 dans Agricultural and Forest Meteorology estime que ces innovations pourraient maintenir la production jusqu’en 2060.

Soutien institutionnel

Les autorités locales investissent dans la formation, la lutte contre le CSSV et des programmes de durabilité à long terme. Des partenariats internationaux, comme la certification sans déforestation avec l’Union européenne, renforcent la résilience du secteur, bien que les coûts de mise en place restent élevés, selon Les Echos.

Perspectives pour 2025 et au-delà

Malgré un surplus annoncé, les prix du cacao devraient rester volatils en 2025. Les conditions météorologiques restent incertaines, avec un possible retour d’El Niño, selon Rabobank. L’adoption de pratiques agricoles durables et d’innovations technologiques pourrait atténuer les effets à long terme, mais un soutien accru aux petits producteurs est indispensable, consultez Plus d’infos.

Un marché sous pression climatique

Le cacao ouest-africain subit fortement l’impact du climat, des pluies torrentielles aux sécheresses prolongées, exacerbées par El Niño et le réchauffement global. Combinés aux maladies et au vieillissement des plantations, ces facteurs entretiennent la volatilité des prix. En misant sur l’innovation agricole et le soutien institutionnel, la filière peut transformer ces contraintes en opportunités pour une production plus durable et résiliente.

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